Séance 2 : lecture analytique. (1 heure)
Objectifs :
- Identifier l’aspect positif de l’émigration dans la vie de la vallée ; - Identifier l’aspect négatif de l’émigration dans la vie de la vallée ; - Comprendre les effets de cette émigration.
Pré requis :
- connaître l’œuvre.
Démarche :
- faire lire le texte ; - cours dialogué ; - prise de notes.
1- Identifier l’aspect positif de l’émigration dans la vie de la vallée.
Support N° 1: Chapitre I, p 7 - 6
Il était une fois un vieux couple heureux, Mohammed Khaïr-Eddine.
« Il avait une échoppe à Mazagan. .... Tout aussi intéressé que le vieux couple. »
- Qu’avons-nous appris sur Bouchaïb dans le passage précédent ?
- C’est un ancien émigré. « L’homme avait longtemps sillonné le Nord et même une partie de l’Europe. » (page 6)
- Avait-il rompu ses relations avec le Nord ?
- Non, il avait une échoppe à Mazagan.
- Que représentait, pour le vieux couple, cette échoppe ?
- C’était un moyen de subsistance : « il l’avait donnée en gérance à un garçon d’un autre canton qui lui envoyait régulièrement un mandat, de quoi vivre à l’aise dans ces confins où l’on pouvait se contenter de peu. »
- Lisez, dans le chapitre IV, page 32, le passage montrant l’importance du Nord pour les habitants de la vallée.
- « Mais l’argent vient toujours du Nord ... et celui qui n’a personne là-bas n’a rien ici non plus. Heureusement que j’ai cette échoppe à Mazagan... »
- A partir de ces extraits, comment apparaît l’émigration pour cette région ?
- Elle apparaît comme indispensable à l’existence de la vallée elle-même en
maintenant les conditions de résistance à l’attrait que la ville exerce sur les
paysans.
1- Identifier l’aspect négatif de l’émigration dans la vie de la vallée.
Support N° 2: Chapitre I, p 45 - 46
Il était une fois un vieux couple heureux, Mohammed Khaïr-Eddine.
« Là-dessus, on passait à autre chose .... A ces jeunots nés ici mais changés par la ville. »
- D’après ce passage, à quel autre aspect de cette mutation allait-on assister ?
- A l’introduction de l’alcool et d’autres produits prohibés dans le village.
- Qui a introduit ces produits ? Comment sont qualifiés ces personnages ? - Les jeunes : « des jeunes nés au village mais changés par la ville » ;
- Une jeunesse « dépravée, maudite, sans foi » ;
- Des jeunes qui ont « beaucoup d’esprit et de l’audace ».
- Pourquoi ces jeunes sont-ils au village ?
- Ils sont en vacances d’été car ils habitent en ville.
- Qu’ont-ils fait ?
- Ils ont mis une caisse de bière à rafraîchir dans un puits mais un vieillard en a bu en croyant que c’était de la limonade et il a fait scandale à la mosquée.
- Comment peut-on qualifier le comportement de ces jeunes ?
- Ils sont irrespectueux des coutumes.
- Le vieux, en tant qu’ «anflouss », les a-t-il dénoncés ? Pourquoi ? - Non, pour plusieurs raisons :
. il buvait lui-même autrefois ;
. pour lui, les enfants ne sont pas coupables : « C’est la faute de leurs parents
qui vendent du vin dans leurs épiceries : un moyen de s’enrichir rapidement »
Support N° 3: Chapitre VIII, p 59 - 61
Il était une fois un vieux couple heureux, Mohammed Khaïr-Eddine.
« Ces enfants nés en Europe sont les pires qui soient .... Je n’en suis pas si sûr. »
- Quelle est la deuxième catégorie d’émigrés ? identifiez leurs caractéristiques dans le dialogue du vieux.
- Les enfants nés en Europe.
- « ce sont les pires qui soient » ;
- « ils ne respectent pas les morts » ;
- « profanent les tombes » ;
- « ne connaissent pas la langue maternelle » ;
- «saccagent les cultures »;
- « ressemblent à des voyous » ;
- « ce sont des diablotins ... comme des charognards ».
- Quel jugement porte le couple sur ces jeunes ?
- C’est un jugement sévère.
- Avec leur comportement, ces jeunes arrivent-ils à rentrer en contact avec les habitants de leur pays d’origine ? Pourquoi ?
- Non, c’est la rupture totale avec le village.
- Au niveau de la langue : ils parlent l’argot ;
- Au niveau des normes sociales : ils ne partagent pas les valeurs culturelles du village.
Support N° 4: Chapitre XXV, p 138 - 139
Il était une fois un vieux couple heureux, Mohammed Khaïr-Eddine.
« Merci, mon ami. Mais parlons d’autre chose .... Or la plupart des maghrébins immigrés sont de parfaits illettrés. »
- Qui sont les personnages ? A quelle occasion se sont-ils retrouvés ?
- Bouchaïb a reçu son vieil ami de France Radwane qui est revenu au village après
presque trente ans d’exil total. C’est l’occasion de présenter un exemple d’émigré
qui a réussi
- De quoi parlent-ils ?
- Ils évoquent la situation actuelle des immigrés en France.
- Quelle description a donnée Radwane des immigrés en France ?
- Une image très défavorable : ils chôment, se droguent, volent et agressent ... - Est-ce que Radwane connaît la même situation ? Justifiez votre réponse.
- Non, il a réussi : « Personnellement, je suis loin de ces problèmes » ; « je suis un
bon citoyen respectueux des lois et de la République ».
- Quels sont les problèmes rencontrés par les immigrés maghrébins ?
- Ils sont refoulés, traqués, ils subissent le racisme, ils sont sans papiers, sans domicile fixe.
- Quelle est l’origine de ces problèmes ?
- L’ignorance, ils sont illettrés.
- Que provoque cette situation chez le vieux ?
- La colère, l’indignation : « Et il y a encore des fous qui veulent aller en France ! »
Support N° 5: Chapitre IX, p 68
Il était une fois un vieux couple heureux, Mohammed Khaïr-Eddine.
« Le printemps prochain sera agité. Il y aura encore des mariages. .... Mais d’un vieux veuf qui pourrait les sortir de là. »
- Quel autre changement connaît le village ?
- Les jeunes filles pauvres ne se marient plus.
- Pour quelles raisons ?
- Les garçons émigrent en ville et se marient là-bas.
- Quel effet ce phénomène peut-il avoir sur le village ?
- La stagnation du marché conjugal local et le changement de la société qui se féminise.
Synthèse :
- Comment le phénomène de l’émigration affecte-t-il le village ? - Négativement :
· rupture complète avec les habitants du village (incommunicabilité) ;
· déracinement et acculturation ;
· perte de la langue maternelle et des traditions ;
· stagnation du marché conjugal ;
· naissance d’une nouvelle forme de richesse : les parvenus.
PROLONGEMENT :
Complétez l’étude du phénomène de l’émigration et des ses effets par la lecture et l’analyse des passages suivants :
- chapitre VIII, pages 58-59 ;
- chapitre XXVII, pages 150-151.
Séance 3 : Travaux encadrés.
Avoir des notions sur l’émigration marocaine. (30 minutes)
Objectifs :
- Exposer les caractéristiques de l’émigration marocaine ;
- Comprendre l’importance du phénomène, ses causes et ses conséquences.
Contrainte :
- Faire préparer le travail à l’avance par un ou deux élèves.
Démarche :
- exposé ;
- prise de notes ;
- mise au point des notes.
Quelques repères :
Le Maroc est un pays migratoire important, durant la première moitié du XX° siècle, il fut un pays d’immigration, accueillant des flux migratoires importants en provenance des pays européens. Depuis les années 60, le flux s’est inversé et le Maroc est devenu un pays d’émigration.
1- Historique du phénomène.
Les premiers mouvements migratoires datent de bien avant le 19ème siècle, les destinations des migrants étaient principalement les pays de l’Afrique du Nord, le Sénégal ou le Moyen Orient. Jusqu’à l’Indépendance du pays, le Maroc a surtout été un pays d’immigration (en 1952, les étrangers représentaient 5% de la population marocaine).
Après l’Indépendance, l’émigration va connaître un développement important à partir des années soixante. Elle était essentiellement masculine et individuelle.
Un certain nombre de facteurs étaient à l’origine de cette évolution :
- les besoins pressants de main-d’œuvre dans les pays européens après le conflit mondial ;
- la signature d’un certain nombre de conventions de main-d’œuvre et de sécurité sociale avec les principaux pays d’accueil ;
- l’envoi de représentants pour le recrutement d’une main-d’œuvre essentiellement rurale.
A partir de 1974, la crise dans les pays européens à la suite du premier choc pétrolier et la montée du chômage vont être à l’origine d’un renversement des politiques migratoires ce qui va entraîner un ralentissement des flux des marocains vers l’Europe.
Cette politique restrictive s’est accompagnée de l’apparition de 5 formes d’émigration :
- l’émigration dans le cadre du regroupement familial. Ce processus a changé la finalité du projet migratoire qui de provisoire devient définitif ;
- l’émigration saisonnière qui s’est amplifiée vers les années 80 en réponse à une demande accrue de la main-d’œuvre dans l’agriculture, le bâtiment et la restauration.
A partir de la moitié des années 80, l’émigration féminine a connu un développement important, elle devient individuelle et autonome.
Depuis 1990, les flux d’émigration vers les pays d’accueil traditionnels ont fortement régressé à cause :
- de la convention d’application des accords de Schengen (établissement de visas, de contrôles rigoureux aux frontières, ...)
Mais, ces mesures ont eu des effets pervers car ils ont engendré une forte émigration illégale.
D’autre part, on a vu naître une émigration élitiste. Ce nouveau profil de migrants coïncide avec le mode de croissance des pays du Nord qui utilise de plus en plus de matière grise venant du Sud.
2- Evaluation quantitative du phénomène.
Le phénomène est difficile à évaluer en raison du nombre important des naturalisés et de l’importance des clandestins.
La communauté marocaine à l’étranger :
- 86% en Europe dont la majorité en France (48%);
- 9% dans les pays arabes (Afrique du Nord, Arabie saoudite, Emirats) ; - 5% en Amérique et autres
L’évolution historique et l’évaluation quantitative montrent l’importance du fait migratoire qui est devenu au Maroc un phénomène de société voire même de culture.
3- Les causes de l’émigration. A/ Les facteurs économiques.
- le PIB par habitant dans les pays de l’Union européenne est 17 fois plus élevé qu’au Maroc ce qui attire la plupart des migrants ;
- la différence de salaire demeure un facteur motivant pour s’expatrier (le salaire minimum agricole garanti ou inter professionnel garanti est 3 à 5 fois plus élevé) ;
- l’émigration est considérée par de nombreuses familles comme un investissement en soi (une personne travaille à l’étranger afin d’assurer la subsistance de toute une famille) ;
- le chômage qui frappe de plus en plus le Maroc et surtout le chômage des jeunes en ville (68% des chômeurs ont moins de 30 ans) ainsi que celui des chômeurs diplômés (19% des chômeurs) pousse les jeunes à vouloir s’expatrier.
B/ Les autres facteurs.
- l’image de la réussite sociale que les émigrés affichent pendant les vacances annuelles au pays cultive le rêve d’émigrer ;
- la révolution de la communication grâce à la parabole permet aux couches déshéritées d’être transportées dans un monde magique qui cultive en eux le désir d’émigrer ;
- la proximité géographique de l’Europe (14 Kms) ;
- les opérations de régularisation des clandestins dans les pays d’accueil renforcent la détermination de certains à tenter l’aventure.
4- La situation des immigrés dans les pays d’accueil.
- Sur le marché du travail, la discrimination engendre des taux de chômage des marocains largement supérieurs à ceux des nationaux ;
- Dans les autres espaces publics, le racisme se développe également ;
- Les émigrés subissent une ségrégation tant sociale que spatiale (quartiers d’habitation) :
- Sur le plan politique, le phénomène se manifeste par le renforcement des partis d’extrême droite dans de nombreux pays d’Europe ;
- A l’intérieur des familles d’émigrés se posent des problèmes culturels dus à l’incompréhension des jeunes vis-à-vis de leurs parents et de leur culture d’origine.
5- Les conséquences de l’émigration sur l’économie marocaine.
- Les transferts de fonds constituent une source appréciable de devises pour les finances marocaines (de 1970 à 2001, le volume des transferts officiels a été multiplié par plus de 113 fois) ;
- L’investissement affecte surtout l’immobilier car l’acquisition d’un logement représente pour l’émigré, en plus de la marque de la réussite sociale, une sécurité lors du retour au pays ;
- Certains émigrés d’origine rurale investissent dans l’agriculture en permettant à leur famille d’agrandir le domaine familial ;
- Les autres investissements se font dans le commerce ;
- Mais, sur le plan des cadres, la fuite des cerveaux marocains oblige le pays à payer à prix d’or des experts étrangers pour remplacer leurs propres ressortissants étrangers.
Référence :
« L’émigration marocaine : un enjeu majeur dans la relation entre le Maroc et l’Union européenne » de Mohamed Khachani, président de l’AMERM