Introduction
Candide ou L'Optimisme, publication anonyme en 1759.
Le texte que nous allons lire se trouve au début du conte philosophique de Voltaire.
Ce conte est paru en 1759, alors que notre auteur a 65 ans, pour régler les comptes avec le philosophe Leibniz ou plutôt son disciple Wolf, dont l'avatar comique semble bien être le docteur Pangloss - celui qui parle de tout et, de par son nom emblématique, prétend bien dire tout sur tout. Il poursuit par cette narration polémique le débat entamé dans le Poème sur le désastre de Lisbonne paru en 1755, après le tremblement de terre qui fit 30.000 victimes.
- satire de la noblesse
- caricature d'une philosophie du XVIIIème : l'optimisme
- parodie littéraire
Annonce de la démarche
Etude thématique (car longueur du texte) :
- satire de la noblesse
- caricature d'une facette de la philosophie du XVIIIème : l'optimisme
- parodie littéraire
Explication
L'ironie et la moquerie évidentes de ce passage se poursuivront tout le long du roman, elles sont mises au service de VOLTAIRE pour critiquer bon nombre de problèmes de l'époque :
1/ Virulente satire de la noblesse :
Tournée en dérision :
- pédanterie
* patronyme ridicule : Thunder-ten-tronckh
* n'admet pas sa pauvreté
- l'attachement aux privilèges : chasse, chapelle privée
- l'attachement à la hiérarchie : " que 71 quartiers " (au lieu de 72)
- l'inégalité
- la Prusse (il avait fait un séjour chez Frédéric II et s'était fâché avec lui)
*Westphalie
*"nous mangeons du porc toute l'année" = vengeance
- les femmes : misogynie = satire facile
* portraits indélicats l.16 à 19
à L'étroitesse d'esprit de la noblesse est visée.
2/ La caricature de l'optimisme et de Leibniz :
Derrière Pangloss se cache Leibniz qui est un philosophe à peu près contemporain de VOLTAIRE et dont la thèse est : Dieu a crée le monde le plus harmonieusement possible (mais ce monde n'est pas parfait)
" Pangloss " du grec : parle sur tout ou tout le temps
détourne les propos de Leibniz :
* abuse du jargon scientifique dans ses discours : "il est démontré", "aussi", "et", "si", "donc", "car", "par conséquent".
* sort de leur contexte les paroles de Leibniz, aboutissant à une démonstration incohérente qu'est la "métaphysico-théologo-cosmonigologie" (nigaud) blâme l'enseignement de Pangloss :
* rapport maître/élève basé sur l'admiration : "admirablement", "innocemment", "attentivement", "le plus grand philosophe"
* influence sur l'esprit de l'élève, d'où la fréquence de connecteur dans les réflexion de Candide (ainsi que Cunégonde) qui raisonne à la manière de Pangloss. Pangloss fait de Candide un esprit naïf, étroit et crédule condamne surtout le dogmatisme (fanatisme philosophique) tout comme il condamne le fanatisme religieux (dans Candide ; Inquisition, Jésuites?).
3/ Parodie de certains genres littéraires :
Rabelais :- titre : clin d'oeil à Gargantua que l'on pense que VOLTAIRE a lu peu avant de commencer à écrire Candide.
- RABELAIS utilisait des précisions chiffrées (" le moine de Seuilly tua 13622 soldats, sans compter les femmes et les enfants, bien entendu ! "), VOLTAIRE l'imite : "71 quartiers", "350 livres"
Conte : "il y avait?on le nommait Candide" = début de conte, mise en place d'un cadre spatio-temporel.
Leibniz : imitation grossière "tout est pour la meilleure fin"
Anti-roman précieux :
- pastiche d'une scène de première rencontre
* codes du trouble, de l'émotion réciproque
- mais caricature au rythme accéléré
* passés simples
- évanouissement (suspect) de Cunégonde = ultime marque de pudeur
Conclusion
On assiste, dans cet incipit, à la présentation d'un monde clos, hiérarchisé, aristocratique et surtout d'illusions (toute la description se fait à l'imparfait à tout est figé et rien ne trouble la quiétude). La cour n'est en fait qu'une illusion. une illusion du pouvoir, de la richesse, de la connaissance… Candide vit donc au sein d'un monde d'illusions dont il est victime. IL croit à ce qu'il voit car il ne connaît que ce monde. un microcosme qui n'est qu'incohérence.
Ce monde va changer à la suite d'une péripétie dont Cunégonde sera la cause (le baiser). Voltaire caricature en quelques sortes le départ de Candide en le montrant chassé du paradis terrestre comme Adam mais ici, la tentatrice n'est plus Eve mais Cunégonde. Un paradis où tout le monde s'efforce de mentir et croire à autre chose que la réalité.
Candide n’est qu’au début de son apprentissage, il est encore bien loin de l'idéal voltairien.
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